Cet article est un condensé de ma newsletter La Revue EdTech décrypant les enjeux éducatifs et technologiques : https://edtechrevue.substack.com/
L’enseignement supérieur face à un choc tectonique
Depuis la fin 2022 et l’arrivée de ChatGPT, l’intelligence artificielle générative a bouleversé en profondeur l’économie du savoir. Ce qui avait de la valeur par sa rareté (la rédaction, l’analyse, la programmation) peut désormais être produit en quelques secondes, à coût marginal nul.
Résultat : les tâches autrefois confiées aux juniors disparaissent, les diplômés Bac+5 découvrent que leur profil est devenu interchangeable, et les institutions académiques voient leur légitimité remise en cause. Le taux de chômage des jeunes diplômés explose aussi bien aux États-Unis qu’en France.
2025 est l’année où l’IA est devenue intelligente : elle surpasse désormais la majorité des humains comme l’illustrent les tests de QI :
Avec un QI désormais supérieur à la majorité de la population, une vitesse d’exécution autrement plus rapide ainsi qu’une disponiblité 24h sur 24, 7 jours sur 7, le recours à l’IA s’est diffusé aussi bien côté étudiants qu’au niveau des entreprises (42% des entreprises ont un abonnement à une solution d’IA générative d’après le Ramp AI Index), à l’instar de cet entrepreneur dans l’e-commerce qui s’est séparé de 90% de ses salariés.
Dans les faits, l’IA absorbe, reproduit et rend obsolète quantité de tâches intellectuelles : rédaction d’articles, synthèses de données, correction de textes, écriture d’e-mails et de contrats, etc.
C’est l’ère de l’abondance synthétique.Le fonds Coatue a estimé l’impact dans sa dernière keynote de juin 2025 :
Métiers de la connaissance, médecine, droit, développement de logiciels : l’impact des logiciels développés par OpenAI, OpenEvidence, Harvey ou Cursor se chiffre à plus de 7 000 milliards de dollars de salaire annuel versé aux Américains !
Le risque de l’obsolescence cognitive
L’étude du MIT Media Lab de Nataliya Kosmyna sur l’usage intensif de ChatGPT a fait grand bruit en juin.
Il s’agit de la première étude neurologique rigoureuse sur l’impact de l’usage intensif de la production révolutionnaire d’OpenAI. Elle consistait à réaliser une électroencéphalographie sur des participants invités à rédiger un essai pendant une durée de 20 minutes. Le premier groupe pouvait utiliser des LLM, le deuxième se contentait des moteurs de recherche classiques tandis que les derniers ne pouvaient compter que sur leur cerveau.
Sans surprise, ceux qui comptaient sur les LLM étaient 60% plus rapides à rédiger leur essai… mais ils ont bien moins sollicité leur cerveau que les deux autres groupes :
Pour être plus précis, la mesure de la connectivité neuronale aboutit aux résultats : le groupe « cerveau seul » maintient 79 connexions dans la bande Alpha, cruciale pour l’attention interne et le traitement sémantique contre 42 pour le groupe utilisateur de ChatGPT (-47%). Plus inquiétant encore, la bande Theta, essentielle pour la mémoire de travail et le contrôle exécutif, chute de 65 à 29 connexions (-55%).
Autre sujet d’importance : cette dette cognitive s’ancre dans le temps : 83,3% des utilisateurs LLM s’avèrent incapables de citer leurs propres écrits, contre seulement 11,1% dans les autres groupes. Résultat : l’externalisation de l’activité cognitive opère une distinction inédite entre la pensée et l’expression, entre la création et l’appropriation intellectuelle. Or, ce lien est fondamental dans tout processus d’apprentissage.
Si les chercheurs du MIT insistent sur le fait de ne pas conclure trop rapidement que l’IA rendrait stupide ou détruirait le cerveau dans la mesure où il ne s’agit que d’une tâche précise, il y a fort à parier que d’autres études plus approfondies nous donneront une image plus claire au cours des prochaines années.
Redonner de la valeur à l’humain
Dans ce contexte, certaines compétences deviennent plus précieuses que jamais face au tsunami synthétique :
- La relation humaine : écouter, convaincre, inspirer, négocier, échanger.
- La capacité à penser par soi-même : comprendre le monde (géopolitique, économie), relier les idées et construire sa propre argumentation sans ne faire que recracher celle vue par ailleurs
- La souveraineté personnelle : gérer ses finances, investir avec discernement, demeurer stoïcien, comprendre les règles de l’économie réelle.
Autrement dit, tout ce qui ne peut être réduit à une simple ligne de code…
Les BTS comme terrain de résistance
C’est ici que nos BTS trouvent toute leur pertinence. Contrairement à de longues formations théoriques, ils placent les étudiants très vite au contact du monde professionnel, dans des métiers où l’humain reste central.
Prenons le BTS NDRC : un commercial efficace ne sera pas remplacé par une IA qui envoie des mails automatisés. Sa valeur repose sur sa capacité à créer une relation authentique, à décoder une situation en temps réel, à négocier en face-à-face.
Mais cette dimension humaine ne suffit pas. Elle doit être augmentée par la maîtrise des nouveaux outils : savoir automatiser intelligemment, analyser des données avec l’IA, piloter une stratégie commerciale augmentée.
L’approche Empower College
À Empower College, nous faisons un choix clair : préparer nos étudiants non pas pour le monde d’hier, mais pour celui de demain.
Cela passe par :
- Des BTS augmentés par l’IA : nos étudiants apprennent à utiliser les modèles d’intelligence artificielle comme leviers de performance, pas comme substituts de leur pensée.
- Des modules transversaux : notamment en géopolitique, économie et culture générale… car comprendre le monde, ses équilibres et ses tensions, reste essentiel dans un univers incertain.
- La souveraineté financière : initiation à la gestion des finances personnelles (budget, investissement, épargne), introduction aux marchés et analyse d’actifs rares pour bâtir une autonomie économique.
- Un ancrage local et global : grâce à notre partenariat exclusif avec l’EDHEC, certains étudiants poursuivent dans son International BBA, tandis que d’autres se préparent aux concours AST pour intégrer une Grande École de commerce.
Notre objectif : former des profils complets
Dans un monde saturé d’informations, la vraie richesse devient la capacité à relier des savoirs et à agir avec discernement.
Nos étudiants développent ainsi plusieurs couches de compétences :
- Compétences techniques et métier (vente, gestion, management opérationnel).
- Compétences augmentées par l’IA (analyse de données, automatisation, rédaction assistée).
- Compétences culturelles et stratégiques (géopolitique, culture générale, économie).
- Compétences personnelles et financières (gestion de ses ressources, préparation à l’indépendance financière).
Ce modèle vise à produire non pas des exécutants, mais des jeunes capables de prendre des décisions, de créer de la valeur et de garder le contrôle de leur avenir !
Une nouvelle définition du capital humain
Historiquement, la valeur d’un étudiant se mesurait à son diplôme. Ce modèle ne peut plus tenir.
Chez Empower College, nous redéfinissons le capital humain autour de quatre dimensions :
- Capital éducatif augmenté : compétences et savoirs utiles pour exceller au XXIe siècle.
- Capital culturel et symbolique : capacité à comprendre et à argumenter.
- Capital social : construction d’un réseau solide et inclusif.
- Capabilités : autonomie, pouvoir d’agir, souveraineté personnelle.
C’est cette combinaison qui donnera à nos étudiants un avantage réel sur le marché du travail !
Conclusion : préparer 2030, pas 2020
Former comme si nous étions en 2020, c’est condamner nos étudiants à sortir avec des armes obsolètes. Former pour 2030, c’est leur offrir un avantage décisif :
- Être à l’aise avec l’IA sans en être dépendant.
- Comprendre les dynamiques économiques et géopolitiques.
- Développer une souveraineté financière et personnelle.
- Cultiver la dimension humaine, à savoir là où la machine ne peut pas nous remplacer.
C’est cette promesse que porte Empower College : donner à nos étudiants une véritable longueur d’avance… non pas seulement un diplôme, mais un vrai levier d’ascension sociale et d’indépendance !